Face au désengagement de l’Etat et pour éviter une mise sous tutelle qui serait dramatique, la municipalité de Grenoble est contrainte de faire des choix pour sauvegarder les services publics de la ville ! Qu’en pense le Comité du Parti de Gauche de Grenoble ?
Dimanche 5 juin, beaucoup d’entre nous étions au RDV des insoumis proposé par Jean Luc Mélenchon, place Stalingrad à Paris. Nous en sommes revenus plein d’espoir et d’envie de nous battre encore et toujours. Nous battre contre ce monde qui, aux mains de la finance, nous emmène droit dans le mur. Cet enthousiasme est toujours là mais, à peine rentrés, nous voilà confrontés à ce mur. Et comme en 36, encore et toujours, il s’agit bien du mur de l’argent. La baisse des dotations budgétaires de l’Etat aux communes, décidé par le gouvernement Valls, réduit leur capacité d’intervention au service des habitants. Il s’agit d’une attaque contre les communes mais aussi une attaque contre les habitants, une attaque contre la démocratie et l’exercice de la citoyenneté.
Contre les habitants, car le danger est réel pour les services publics locaux. Comment maintenir une activité de service public de qualité quand la source du financement se tarit ?
Cette politique tragique qui répond aux injonctions de la commission européenne a provoqué la hausse du chômage partout en France. Tout a été organisé pour étouffer le poumon économique que représentent nos communes : entre 2013 et 2015, les dotations sont passées de 41,51 milliards d’euros à 36,6 milliards ! Ces coupes ont amplifié la récession économique et affectent lourdement les carnets de commandes des artisans, des PME et PMI de Grenoble comme d’ailleurs. Bêtise ? Non, il s’agit, comme avec la loi El Khomri, d’obtempérer aux injonctions de la commission européenne.
Au Parti de Gauche nous ne sommes pas dupes. Les partisans de l’ultra libéralisme veulent organiser la casse de l’Etat républicain dont la commune est le premier échelon. La petite caste qui nous gouverne désintègre la démocratie. Il faut que cela cesse.
A Grenoble nous nous retrouvons dans une ville en passe d’être dévastée par le libéralisme et les trahisons du gouvernement Valls-Hollande. Bien sûr nous le savions : rien ne nous sera épargné pour avoir osé battre le PS et se caciques locaux.
La conjonction des baisses des dotations de l’Etat et de celles du département et de la région n’est pas un hasard. Ils veulent, les défenseurs du système, nous mettre à genoux.
Contrairement à ce que certains prétendent, Eric Piolle n’est pas Tsipras. Celui-ci en tant que chef de gouvernement pouvait faire autrement. Il lui a manqué un plan B ou la volonté d’en avoir un. Mais une mairie n’est pas un Etat, nous n’avons pas le pouvoir de la loi, pas le pouvoir des règles budgétaires et nous dépendons cruellement du bon vouloir du gouvernement pour une part importante de nos recettes !
Le seul point commun entre la Grèce et Grenoble c’est la politique de l’union européenne qui saigne à blanc le peuple grec et que Valls veut nous faire mener. Baisse des dépenses publiques, baisse du service public ! Mais à Grenoble aucun plan B n’est possible. Nous n’avons pas d’autre choix que devoir gérer la pénurie organisée par le gouvernement, nous contraignant à mettre en œuvre une politique budgétaire pour laquelle nous n’avons pas été élus.
Nous ne pouvons que chercher à maintenir au mieux le bouclier social face à la raréfaction budgétaire d’une ampleur jamais connue.
Si nous devions faire une comparaison internationale nous sommes dans la situation de ces gouvernements de pays en développement dans les années 90 dont le FMI a exigé et obtenu, faute de solution de rechange, des plans d’ajustement structurel. FMI et Banque mondiale, de concert, ont imposé à ces pays en difficulté, du fait du changement de la politique monétaire américaine, une diminution des dépenses publiques. Et ils ont été obligés de diminuer les dépenses de santé, d’éducation bref de service public… avec les résultats catastrophiques pour les populations de ces pays, résultats qu’elles payent encore aujourd’hui particulièrement en Afrique.
A Grenoble, c’est très exactement la situation dans laquelle nous nous trouvons. Les valets du néo libéralisme nous imposent de tailler dans les services publics. Si nous n’avons pas de Plan B pour Grenoble nos ennemis ont un plan – de mise sous tutelle – qui serait la pire des solutions pour notre ville et ses habitants. L’exemple de la ville de Grigny il y a quelques années est exemplaire : la mise sous tutelle a permis au Préfet d’augmenter de 50 % les taxes foncières et de 44,26 % la taxe d’habitation dans la ville. Cette mesure a été accompagnée par d’autres décisions du Préfet telles que la réduction autoritaire des dépenses de personnel et des subventions aux associations.
Il n’est pas question pour nous de livrer la ville à une telle attaque. C’est donc la rage au cœur que nous sommes solidaires de l’équipe municipale : les Citoyens, EELV, Parti de Gauche, Ensemble, ADES composant le Rassemblement qui doit prendre de douloureuses décisions de sauvegarde du service public pour limiter au maximum les impacts sur la population.
Mais nous restons confiants, confiants dans l’intelligence des Grenoblois qui comprennent qui sont les véritables responsables de la situation. Au Parti de Gauche nous garderons la tête droite, nous ne plierons pas ! Ce qui est en jeu aujourd’hui, au-delà des difficultés budgétaires rencontrées, c’est bien la préservation de l’espace politique gagné par les citoyens à Grenoble, prémices d’un grand mouvement citoyen déjà en marche et que les défenseurs d’un système ultra libéral veulent étouffer !